La Société Anonyme des Ateliers de Construction de Jambes-Namur
Anciens Etablissements Théophile Finet
Théophile-Joseph Finet (1837-1910)
5. Présentation de quelques constructions
5.1. Le Pont des Ardennes
La construction du pont des Ardennes constitue un élément majeur du développement de la commune de Jambes après la Seconde Guerre mondiale. Elle est envisagée depuis de longues années et figure régulièrement dans les délibérations du Conseil Communal où il est largement fait état de la nécessité de construire un second pont sur la Meuse entre le confluent de la Sambre et de la Meuse et le pont du chemin de fer, à la hauteur de la rue Jean-Baptiste Brabant à Namur. Le 20 septembre 1938, le Conseil Communal de Jambes, en plein accord avec l’Administration Communale de Namur, décide de faire procéder à une étude préalable et à intervenir pour un tiers dans le financement de celle-ci. Les soumissions définitives se sont ouvertes en février 1951 à l’initiative du Ministère des Travaux publics. Ce pont, appelé le pont des Ardennes, élégante structure formée d’une seule arche d’acier, figure parmi les ouvrages d’art les plus remarquables de la région et est inauguré par le prince Albert en juin 1954. Son incidence sur les plans urbanistique, économique et social a été immédiate. Il a valorisé de manière spectaculaire les terrains environnants, ainsi des zones maraîchères ont ainsi été muées en tissu urbain. Le pont qui débouche sur un vaste rond-point, dénommé place Joséphine-Charlotte, donne accès à droite et à gauche à deux vastes avenues (l’avenue Prince de Liège et l’avenue Gouverneur Bovesse) et permet le raccord à deux voies anciennes (la rue d’Enhaive et la rue Van Opré). Ces voies vont très tôt se couvrir d’habitations modernes, d’immeubles à appartements, de bureaux, de grandes surfaces commerciales. En 1961, un important établissement financier, les Assurances du Crédit, également appelé La Namur, fondé en 1946 à l’initiative de Jean Bastin, un des hommes d’affaires les plus entreprenants de la région, s’est installé en bordure de l’avenue Prince de Liège dans un vaste bâtiment construit à cet effet, employant alors près de 300 personnes. Tous ces éléments ont contribué à augmenter et diversifier la population de Jambes, et à développer l’impact économique et social de la commune durant les trois décennies qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le pont des Ardennes été étudié en tant qu’ouvrage d’art de manière approfondie par l’architecte urbaniste Raymond Balau à la lumière d’archives publiques et privées inédites. La bibliographie de fin d’article permettra aux lecteurs de compléter leur information en compulsant les nombreuses études citées.
5.1.1 La Porte des Ardennes
Lorsque l’on parcourt les guides touristiques des XIXe et XXe siècles, Namur est à chaque fois citée comme située aux portes des Ardennes, ce qui est géographiquement inexact. Avant d’y arriver, il faut d’abord sillonner le Condroz et la Famenne ! Le seul pont sur la Meuse existant en Namurois jusqu’au milieu du XXe siècle, pour atteindre la province de Luxembourg, est le vieux pont de Meuse ou pont de Jambes, ensuite il faut emprunter la rue du commerce, la rue des acacias et gravir la montagne Sainte-Barbe à Jambes.
Malgré la destruction de ses remparts au XIXe siècle, Namur restait encore très fort enserrée dans sa « corbeille ». Il fallait trouver des solutions pour rejoindre l’autre rive, permettant de « conquérir » d’autres zones urbanisables. L’édification du pont des Ardennes était la solution pour fluidifier le trafic routier et se diriger avec plus de facilité vers le sud du pays.