Les œuvres présentées dans cette exposition reprennent le sujet du végétal qui fait partie de mon travail depuis 2020. Je revisite ici le sujet, puisque je me concentre sur les particularités sensibles des lieux naturels de la région wallonne. Pour cette nouvelle série d’œuvres, je m’approprie des matières trouvées sur les terrils, dont le sol qui est teinté de noir par le charbon, une matière qui est si étroitement liée à l’histoire locale. 
Aujourd’hui, les terrils, amoncellements de matières stériles, de déchets industriels, sont investis par une flore qui se nourrit du sol contaminé. Les résidus de charbon minéral – lui-même issu de plantes fossilisées – sont absorbés par la végétation qui se perpétue dans des cycles qui semblent à la fois fragiles et persistants.

Mon travail explore l’influence que la matière exerce sur l’acte de création de formes sensibles. Ainsi, j’accueille dans mes gestes le mouvement cyclique qui caractérise la condition vivante. La boue, l’argile et le papier forment un ensemble d’où émergent de nouvelles formes, comme des plantes qui poussent. Forme et informe se rejoignent et quelque chose prend vie. 
Pour obtenir les bruns et les noirs, je broie des pierres contenant du charbon. Je les utilise ensuite comme de l’aquarelle pour dessiner des images inspirées par la flore des terrils. Les céramiques sont conçues en dialogue avec les dessins ; leurs couleurs rappellent le charbon. Quelques-unes reprennent des formes de pierres, à l’instar de celles que je trouve sur les terrils. Cette oscillation entre végétal et minéral m’aide à songer à notre participation au flux du temps. Je suis à la recherche d’un équilibre entre la fragilité et une résistance, s’inspirant des germes qui percent le sol noir pour croître vers le soleil.

Athanasia VIDALI
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