Fabienne Bister : Jambes est un morceau de mon cœur
Autre nom largement associé à Jambes : celui de Bister. Et pour cause, les Etablissements Bister y ont régné au carrefour de la rue de Dave et de la rue de Francquen durant trois générations, avant de déménager à Achêne en 2013 puis d’être revendus en 2019 à un jeune entrepreneur belge, Arthus de Bousies.
Quand on lui pose la question de savoir ce que Jambes représente pour elle, Fabienne Bister est intarissable. « C’est mon chez moi, c’est mes racines. Ma sœur et moi sommes nées à la maison de la rue de Francquen, et pas à l’hôpital ! C’est là où j’ai grandi. Jambes, c’est aussi le Boulevard de la Meuse avec la maison de mes grands-parents, aujourd’hui habitée par ma cousine, Cécile Hallet. C’est aussi là que mon grand-père a installé tout d’abord sa production de chicorée en 1919, puis la moutarderie en 1926, offrant une vie professionnelle à trois générations : mon grand-père, mon père et puis moi.
J’ai arpenté les rues de Jambes à vélo durant toute mon adolescence. J’avais ma bande de copains de la rue de Francquen et, de temps en temps, on fréquentait la bande de la rue Tillieux dont Tanguy Auspert faisait partie.
La patinoire a aussi fait partie de ma vie. Adolescente, quand je lâchais mon vélo, c’était pour aller à la patinoire. Jambes, c’est ma vie ! Ce n’est pas là que j’ai le plus vécu puisque j’habite depuis plus de 20 ans à Wépion, mais Jambes, c’est un morceau de mon cœur. J’aime Jambes, j’y ai été heureuse. C’est important ! ».
Le pont de Jambes, bien plus qu’un symbole
Fabienne est très attachée au pont de Jambes, au point, dit-elle, d’en être amoureuse. « Quand nous nous sommes lancés dans la commercialisation de la bière La Jamboise, c’est le pont de Jambes stylisé que j’ai souhaité voir sur l’étiquette. Pour l’anecdote, depuis des années, je possède une aquarelle du pont de Jambes. Elle me vient d’une tombola organisée à l’époque par le Lion’s Club de Jambes. Je vendais les tickets et le gagnant d’un des lots, à savoir l’aquarelle, fut mon père. Étant amoureuse du pont de Jambes, j’ai dit à mon père que ce tableau était pour moi et je suis revenue de la soirée avec sous un bras ce tableau et, à l’autre bras, le futur mari que je venais de rencontrer et qui allait le rester pendant quinze années.
Le bâtiment est dans le cœur de beaucoup de Jambois
Quand Fabienne passe devant l’ancienne moutarderie aujourd’hui rénovée, elle n’est pas nostalgique. Elle ressent plutôt pour elle une certaine affection. Ce bâtiment, confie-t-elle, lui a pourri sa vie de chef d’entreprise. « Il m’a coûté tous les revenus de l’entreprise durant des années alors qu’il fallait renouer avec les bénéfices qui étaient plutôt bien maigres quand j’ai succédé à mon père. C’est vrai que c’est une magnifique architecture des année 30, mais pour essayer de le maintenir en état, il m’a fallu gaspiller des millions de francs de l’époque alors que j’aurai pu développer l’entreprise autrement avec cet argent-là. Ceci étant, je suis contente de le voir parce que c’est un beau bâtiment. Et puis il a gardé son histoire et sa façade, ce qui fait plaisir aux Jambois ». En effet, la façade « semi-classée » est reprise dans un répertoire des bâtiments à l’architecture exceptionnelle, ce qui rend toute modification pratiquement impossible.
Aujourd’hui, quand elle vient à Jambes, Fabienne passe à la bibliothèque qu’elle fréquente assidûment depuis l’âge de 9 ans. « La bibliothèque, c’est vital. Mon autre petit plaisir, c’est de flâner avenue Jean Materne, d’y faire mon petit shopping. Inévitablement, je vais regarder la vitrine de chez Normandie. Je connais cette boulangerie depuis toujours. J’aime bien aussi voir comment les commerces évoluent ».
Jambes et son futur ?
Évoquer Jambes avec Fabienne Bister, c’est aussi relever des inepties comme la rivalité entre les deux rives de la Meuse. « Pour moi, Jambes s’est beaucoup trop définie contre Namur à une époque. C’est ridicule parce que se définir contre quelque chose, ça ne fonctionne pas. Jambes n’a plus aucune raison de se définir contre Namur. Par contre, l’avenue Materne pourrait être mieux exploitée. Il faudrait un projet global pour Jambes. La patinoire, par exemple, est fermée depuis si longtemps ! Eh bien, entre le parc et la patinoire qui sont presque en face l’une de l’autre, et en déplaçant le parking un peu plus loin, il serait possible d’aménager une zone « bonheur », un lieu de vie, de loisirs, animé, positif et lumineux, avec des aubettes et des terrasses semi-couvertes où l’on aurait plaisir à se poser ».
Les dates clés des Établissements Bister :
1919 : François Bister, alias Franz, lance son activité de production de chicorée.
1926 : Suite aux fortes crues de la Meuse, il se réinvente, rachète le matériel de la moutarderie « L’impériale » et crée la moutarderie Bister où il resta jusqu’au début des années 60.
1951 : Jean Bister, fils de Franz et père de Fabienne, rejoint la moutarderie qu’il développa jusque fin 1994.
De 1991 à 1994 : Fabienne entre dans l’entreprise comme employée à mi-temps.
Le 2.01.1995 : Elle reprend l’entreprise familiale et en reste à la tête jusqu’au 13.12.2019.
2013 : déménagement de l’entreprise à Achêne.
2019 : en décembre, vente de l’entreprise.