« Honneur aux Armes, respect au Maître », telle est sa devise
Interview de Thierry POCHET, Maître d’Armes par Caroline REMON
C.J. Monsieur POCHET, pouvez-vous nous dire quelles sont vos attaches avec Jambes ?
À Jambes, j’y suis un nombre d’heures considérable par jour, et depuis longtemps. D’abord à l’école du génie rue de Dave comme moniteur pendant 10 ans. Ensuite, j’ai repris le club d’escrime de Jambes en 2001 à la demande de Maître BRIOT, Maître d’Armes. Maître BRIOT se trouvait trop âgé pour continuer. Il faut dire qu’il avait 80 ans…
C.J. Vous avez toujours pratiqué l’escrime ? Quel est votre parcours.
Après des humanités sportives, à 17 ans, je suis entré à l’armée dans le but de devenir moniteur de sport. C’est là que j’ai découvert l’escrime et que je me suis formé aux trois armes (le fleuret, l’épée et le sabre). Tout mon apprentissage de Maître d’Armes s’est effectué à l’armée. J’ai été tireur dans l’équipe sportive de l’armée, puis entraîneur de l’équipe nationale militaire et entraîneur de l’équipe royale militaire.
Après cela, je me suis occupé de l’encadrement des jeunes dans des clubs d’escrime : celui de Huy, puis de Damoclès (Uccle), et enfin depuis 22 ans le club Jambes.
C.J. Dans quel encadrement et avec quel matériel travaillez-vous ?
Actuellement, nous louons le rez-de-chaussée du 264 avenue Jean Materne, à l’angle de la rue des Verreries. Nous disposons de 900 m2 que nous avons aménagés nous-mêmes pour les besoins spécifiques de ce sport. Nous bénéficions de subsides de la ville.
Pour le handi-escrime, nous avons bénéficié d’interventions de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Dans 2 ou 3 ans, nous aurons des locaux magnifiques mis à notre disposition par la ville à Bouge (projet de la Sablière, ancien site Dubail). Nous pourrons en profiter nous-mêmes et sous-louer les salles pour d’autres sports.
C.J. Le handi-escrime, expliquez-nous…
En 2011, j’ai suivi une formation spécifique pour être moniteur de handisports, et notamment de handi-escrime. Jambes est le seul club en Belgique qui propose cette discipline.
Un matériel spécial — un plateau fixe avec deux fauteuils — est nécessaire. J’organise des combats entre handi et aussi des combats mixtes, c’est-à-dire entre personnes valides (attachées dans un des deux fauteuils handi) et non valides.
C.J. Quelles activités proposez-vous au club de Jambes ?
L’escrime sportive, discipline olympique, comprend trois armes : le fleuret, l’épée et le sabre.
Nous les pratiquons toutes les trois.
Au club, nous pratiquons aussi la ludo-escrime destinée aux enfants.
Dernièrement, nous avons lancé une section de sabre laser.
C.J. Avez-vous une anecdote à nous raconter ?
Je fais souvent des stages en France où je suis connu dans le milieu de l’escrime. Lors des jeux olympiques de Londres en 2012, j’étais dans les gradins comme visiteur avec les entraîneurs français d’escrime. Un des responsables de l’organisation des J.O. m’a vu et reconnu et m’a demandé ce que je faisais là. Et il m’a donné une carte d’accréditation qui m’a permis d’aller partout où je voulais, alors que les entraîneurs français ne le pouvaient pas !
C.J. Quel est votre meilleur souvenir avec ce sport ?
J’ai été champion de Belgique d’escrime à 22 ans, mais ce qui m’a fait le plus plaisir, c’est mon titre de vice-champion du monde au sabre en 1985 à Brest.
C.J. L’escrime est-elle un sport en vogue ?
Sûrement pas et c’est bien dommage. Ce sport développe la vitesse, le réflexe, la patience, la maîtrise de soi, la concentration et la précision. Mentalement, il insuffle des valeurs de respect des règles et des partenaires. Je dis souvent à mes élèves que faire progresser mon adversaire me fait progresser. Nous comptons une centaine de membres. Toute l’organisation repose sur les épaules d’une poignée de bénévoles, dont votre serviteur, qui est tout à la fois secrétaire, trésorier, menuisier, organisateur de la Saint Nicolas et portier. Et je sers en plus le café…
Les pouvoirs publics mettent très peu de moyens à disposition de ce sport en Belgique. Or le matériel est très cher. Il l’est davantage encore pour le handi. Il faut compter 11.000 € pour un plateau à deux fauteuils. Les moniteurs sont à peine payés. Les arbitres reçoivent 50 €, un café, un coca et un sandwich pour une journée entière. Les conditions actuelles sont difficiles et les bénévoles de plus en plus rares.
C.J. Votre inquiétude ?
J’ai 64 ans. Dans 2 ou 3 ans, avec le nouveau bâtiment que la ville va mettre à la disposition du club, j’aurai l’outil parfait. Malheureusement, il n’y a encore personne derrière moi pour prendre la relève. Il faut 7 ans pour former un Maître d’Armes, et aucun candidat ne se profile à l’horizon…
C.J. Avez-vous quelque chose à dire aux Jambois qui nous lisent ?
Oui, et c’est important pour moi et pour le club. Je souhaiterais entrer dans les écoles pour faire connaître le club et faire connaître ce sport aux jeunes. Nous pourrions développer des collaborations. Il y a quelques années, j’ai eu ce type de coopération avec l’école du parc Astrid. Les enfants venaient à pied jusqu’au club pour essayer l’escrime. J’aimerais renouveler ces expériences avec les écoles jamboises, mais je ne sais pas trop comment m’y prendre.
Je pourrais aussi dire aux écoles que le club dispose d’une salle qui peut être mise à la disposition des classes pour leurs propres activités.
Merci Monsieur Pochet. Merci pour votre enthousiasme et votre dévouement à ce sport qui a occupé votre vie, corps et âme. Je suis sûre que les Jambois entendront votre message.
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