Jean-Yves Acusilas lors de la partie marathon de l’Ironman d’Italie en 2018.
Anne Dieudonné et Jean-Yves Acusilas en plein effort sportif à l’Ironman de Maastricht en 2017.
Anne Dieudonné à l’arrivée de l’Ironman d’Italie en 2018.
L’Ironman est un triathlon longue distance. D’une distance totale de 226 km, l’Ironman consiste à enchaîner 3,8 km de natation, 180,2 km de cyclisme et un marathon de 42,195 km. Ironman veut dire « homme de fer » et ce n’est pas pour rien. Imaginez : 7 h du matin, vous vous jetez à la mer à Bredene jusque Ostende. A Ostende, vous grimpez sur votre vélo jusqu’à Namur. Et là, vous poursuivez à pied, en courant, jusque Marche. Des fous, vous dites-vous ! Et bien, près de chez vous, à Jambes, Jean-Yves et Anne en ont fait leur passion. Le record du monde est de 7h35 (H) et 8h18 (F). Ils le font en 10-13 h !
Côté Jambes les a rencontrés chez eux.
Acusilas est un nom connu à Jambes. Votre père Charles était un cyclotouriste engagé. C’est de là que vous vient votre passion pour le Triathlon ?
Jean-Yves Acusilas :
En effet, mon père était un grand défenseur de la petite reine, du cyclisme et du cyclotourisme. Avec le club qu’il a créé en 1977 « Les Randonneurs Mosans », il a sillonné toute la Belgique et organisé de nombreuses sorties à l’étranger. Il était aussi impliqué dans les instances cyclotouristes au sein de l’UCI (Union Cycliste Internationale).
Comment êtes-vous venu à l’Ironman ?
Jean-Yves Acusilas :
A cause de mon père, c’est avec le vélo, tout jeune, que j’ai commencé : vélo de route, cyclo, piste, VTT, tout me plaisait.
Pour l’entraînement, j’ai naturellement couplé avec la course à pied et le jogging. Cela m’a mené au duathlon. La natation, c’est autre chose. Je n’étais pas bon nageur, mais en 2012, suite à une fracture du poignet, le kiné m’a vivement conseillé de nager pour faciliter la guérison. Comme j’ai toujours besoin d’un objectif, je me suis inscrit, en septembre 2012, à mon premier triathlon promo (500 m piscine, 20 km vélo, 5 km à pied). Ensuite, je me suis appliqué à améliorer mon crawl.
Votre parcours ?
Jean-Yves Acusilas :
La suite, je l’ai réalisée principalement avec mon épouse, mais son métier (institutrice), ne lui permet pas de s’absenter comme elle veut. J’ai donc fait quelques compétitions sans elle.
2013, plusieurs triathlons promo et D.O. (distance olympique) ;
2014, premiers semi Ironman (Duren en juin et Luxembourg en septembre) et en octobre, sans Anne, mon premier Ironman à Barcelone. Je suis parti sans trop savoir ce qui m’attendait. Je l’ai réalisé en 10h40 et cela m’a donné le goût ;
2015 en juin, Ironman de Nice et août celui de Maastricht (sans madame) ;
2016, j’ai fait l’impasse sur l’ironman et pratiqué seulement des semi (Vichy et Dunkerque) et bien sûr des petites courses pour l’entraînement ;
En 2017, pour nos 25 ans de mariage, nous avons fait ensemble l’Ironman de Maastricht. En 25 jours, nous avons enfilé celui-là, le promo de Namur et un semi Ironman en Autriche ;
En 2018, toujours ensemble l’Ironman de Cervia (Italie).
Nous ferons une pause sur les longues distances en 2019.
Après un Ironman (10 à 13 heures d’épreuve), nous prenons l’ascenseur et s’il n’y en a pas on s’accroche à la rampe de l’escalier !
Comment vous préparez-vous ?
Anne Dieudonné :
L’Ironman est une épreuve qui demande du physique, de l’alimentation étudiée, de l’hydratation et du mental. L’ironman est l’aboutissement du sport que nous pratiquons, mais cela demande une préparation et un entraînement très sévères. Nous partons régulièrement avec notre mobilhome et nous participons de nombreux week-ends à des compétitions, soit à pied, soit en vélo.
En semaine, après le travail, nous nous entraînons en piscine, à la course ou à vélo. Cela représente au moins 10h, voir 15h de sport par semaine pour les préparations intensives. Il faut aussi, et c’est très important, gérer son alimentation avant une grosse épreuve : de la volaille, des œufs et du poisson. Pas de viande rouge pour éviter les toxines dans les muscles. Je m’occupe de la nourriture et Jean-Yves s’occupe plutôt du matériel.
Vous pratiquez ce sport en couple. C’est venu naturellement ?
Anne Dieudonné :
Pour nous, c’est important. La pratique de ce sport prend énormément de temps, surtout en heures d’entraînement préparatoire. Nous nous encourageons, nous nous motivons. Chacun sait que l’autre a besoin de s’entraîner, même si le rythme ou le besoin n’est pas le même, donc nous ne nous disputons jamais pour un repas en retard ou une émission de télé déjà commencée.
Quel est votre souvenir le plus fort ?
Jean-Yves Acusilas :
Des souvenirs nous en avons des milliers, mais l’Ironman surpasse tout. Assez bizarrement, les meilleurs souvenirs sont les plus durs : pédaler et courir dans le froid à 2° de température ou sous la canicule (36°) en s’arrosant la tête et les pieds pour se refroidir… Et y arriver malgré tout. C’est inoubliable ! Une victoire sur soi-même.
Anne Dieudonné :
À Cervia, j’ai eu un coup de mou après le vélo. 10 minutes de pause durant lesquelles je me suis dit « Allez, tu n’as pas fait tout ça pour rien… ». Je me suis lancée doucement dans la course à pied en me disant « On verra bien » et sans y penser, j’étais au kilomètre 37. Plus que 5 km. Avec l’expérience on sait que quand on est au fond du trou, ça va revenir. Il ne faut pas capituler.
Vous avez 47 et 48 ans. Allez-vous continuer ?
Jean-Yves Acusilas :
Nous continuerons tant que l’envie et la motivation sont là. Les personnes qui commencent à 20 ou 30 ans sont contents de progresser et d’améliorer leur performance. Nous, nous sommes contents de nous maintenir et nous nous entrainons pour cela.
Quels sont vos projets pour ce sport ?
Anne Dieudonné :
En 2013, nous avons créé, avec des amis, la « Team Trifast ». Le sentiment d’appartenance à la team est très fort pour ses membres. Nous sommes une petite vingtaine (1/3 de femmes). Nous nous entraînons ensemble, par tous les temps. Notre tenue est blanche et bleue, aux couleurs de Jambes où nous avons toujours vécu. Nous n’avons pas de local. Notre maison, à Jambes, sert de point de rencontre et point de départ des entraînements et événements. Une magnifique aventure humaine.
Parlons du coût.
Jean-Yves Acusilas :
Nous sommes sport. C’est notre passion et notre vie. Nos amis sont comme nous et nous les rencontrons là. Évidemment, nous avons dû nous équiper : vélos, des combinaisons complètes ou semi, des chaussures, des casques. Tout cela doit être remplacé régulièrement et entretenu. Une inscription Ironman coûte 500/600 € sans le voyage, le logement et la nourriture. Notre pratique sportive représente un budget de plusieurs milliers d’euros par an. En rigolant, entre nous, on dit parfois « Si le triathlon te paraît cher, va plutôt jouer au golf… ». Mais, nous ne lâcherions pour rien au monde.
Ils s’entraînent de 10 à 15 h par semaine. Un joueur de foot professionnel ne fait pas beaucoup plus. Ce sont des sportifs de l’ombre et leur récompense est uniquement la fierté d’avoir participé et d’y être arrivé. Chapeau !