FOLKLORE :
Les 65 ans de la Frairie Un héritage, des défis et fidélité aux traditions

De g à d : Francis Bouchat, Gustave Martin, Henri Hallet, Madame Sacré et Jean Mosseray
Cette année, la Frairie Royale des Masuis et Cotelis Jambois célèbre son 65e anniversaire. Créée en 1960 sous l’impulsion de Jean Mosseray, cette confrérie réunit danseurs et musiciens vêtus de costumes du XVIIIe siècle, fidèlement recréés à partir de gravures historiques et confectionnés par les membres eux-mêmes, faisant de cette tradition un véritable patrimoine vivant.
Un attachement profond à ses racines
Ce 65e anniversaire prend des allures de rattrapage après l’annulation des festivités des 60 ans de la Frairie, en raison de la pandémie de Covid-19 et des restrictions qui en ont découlé. Bien qu’un 65e anniversaire ne soit généralement pas l’occasion de grandes célébrations, la Frairie Royale des Masuis et Cotelis Jambois a choisi de mettre l’accent sur la fidélité aux traditions et l’attachement profond aux racines du groupe, avec un programme marqué par des événements incontournables : la Saint-Vincent, FolkNam, les fêtes de l’Ascension, le Corso, le Festival mondial du Folklore de Namur-Jambes, et les fêtes de Wallonie et bien d’autres.
« Notre priorité reste d’être présents lors des événements traditionnels. Je pense notamment à la Saint-Vincent, que nous avons célébrée le 25 janvier dernier. Nous avons repris l’organisation de cette fête en 1960, à la demande des derniers représentants de la corporation des maraîchers, alors en voie de disparition avec l’urbanisation de Jambes. Chaque année, nous avons à cœur de perpétuer cette tradition et de célébrer la Saint-Vincent avec enthousiasme », explique Nicolas Dossogne, vice-président de la Frairie.

Organisée par la Frairie, la Saint-Vincent a été célébrée le 27 janvier dernier à l’église de Velaine.
Au printemps, les enfants du groupe prendront part au « challenge Daniel Lhoir », un concours d’éloquence où écoliers et participants individuels déclament des textes en français ou en wallon. Si ce challenge offre aux enfants de la Frairie une scène pour mettre en valeur les danses traditionnelles, certains d’entre eux s’essaient également à l’art de l’éloquence. En juin, à l’occasion de la Pentecôte, les Masuis et Cotelis Jambois accueilleront un groupe portugais, invité à participer au Corso de Jambes. La veille, ils seront au rendez-vous du Corso Kids avec leur désormais traditionnelle buvette.
Le marché de l’Ascension est une tradition bien ancrée pour l’association, qui y tient un bar et propose, en fin de matinée, une représentation des enfants dansant pour faire vivre et partager la culture locale. Et puis, il y a les soupers des membres, ainsi que de nombreuses participations à divers événements culturels namurois où ils sont conviés, comme le concours de menteurs des Molons ou encore la Nuit blanche au Musée…
Le programme, encore en cours de finalisation, laisse entendre qu’aucun déplacement à l’étranger n’est prévu cette année. « La réciprocité d’échange avec le Portugal ne pourra pas se concrétiser en raison de contraintes organisationnelles et logistiques, notamment la hausse des coûts des voyages et des transports », explique Francine Joannes, co-secrétaire et membre de la Frairie depuis 54 ans.
Évoquer cet anniversaire est aussi, pour Francine Joannes, l’occasion de raviver de précieux souvenirs. Elle confie : « Parmi les moments les plus marquants, je garde en mémoire les voyages au Sénégal, aux États-Unis et au Québec, qui ont été de véritables temps forts d’échanges culturels et de rapprochement entre les peuples. »
Un autre événement marquant qui a fait voyager la Frairie est l’Européade, un grand rassemblement de groupes folkloriques venus de toute l’Europe. La dernière édition s’est tenue en 2024 en Sardaigne. Toutefois, cette année, aucune ville ne semble s’être portée candidate pour l’organiser. « L’Européade de 2016 à Namur reste pour moi l’un des souvenirs les plus marquants. Ce fut un défi relevé avec fierté, grâce à la mobilisation de toute la communauté. Cet événement est encore salué aujourd’hui, et nombreux sont ceux qui espèrent le voir revenir un jour à Namur », confie Francine Joannes.
Cerise sur le gâteau de ce 65e anniversaire : la participation des enfants de la Frairies à l’émission The Dancer sur la RTBF. Bien que cette participation ne soit pas directement lié à l’anniversaire, il a offert une belle visibilité au groupe et a été une expérience inoubliable pour les enfants. Depuis la diffusion, ils ont reçu de nombreuses félicitations et plusieurs demandes de participation, mais cela n’a pas encore entraîné une recrudescence des inscriptions.
De la tradition aux défis de demain
Les Masuis se distinguent par leur capacité à intégrer les jeunes générations dans la tradition, avec une trentaine de danseurs, dont 20 enfants. L’association accueille les plus petits dès l’âge de 4 ans, grâce à un groupe d’adultes engagés qui transmettent les danses dans un esprit familial. L’avenir de la Frairie repose sur sa capacité à attirer les jeunes, en particulier ceux de 15 à 25 ans, malgré la concurrence d’autres loisirs. « Aujourd’hui, les jeunes sont très sollicités par leurs études et de nombreuses activités, ce qui rend leur engagement plus difficile », constate Francine Joannes.
Le groupe, qui compte entre 40 et 50 membres, dont une vingtaine d’enfants, se heurte à un défi majeur : l’absence de nouveaux danseurs et musiciens, en particulier pour des instruments comme le violon, la flûte ou l’accordéon. L’avenir du groupe dépend de sa capacité à attirer de nouveaux talents, à la fois pour enrichir ses rangs et renouveler ses sonorités. Malgré cela, la passion et la solidarité restent intacts.
En dépit des obstacles, notamment en matière de financement et de bénévolat, l’objectif reste clair : faire vivre la Frairie jusqu’à ses 70 ans et bien au-delà. Porté par des valeurs solides et un désir de transmettre le folklore, le groupe continue d’avancer, prêt à relever de nouveaux défis pour faire rayonner son patrimoine et sa culture.